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La roue de Secours Janvier 2023

La Gazette est restée silencieuse pendant… longtemps. Un peu surbookée par des travaux de rénovation chez moi, qui me font vivre dans un bazar total depuis plusieurs mois.

24 janvier, vol AF habituel, Indira Gandhi à 23.30h et 13°… arrivée à mon hôtel habituel très tard (ou assez tôt !) les sorties de l’aéroport sont toujours très longues.

25 janvier, départ 7.30h, à Agra à 12.30h après 5 heures de route sans surprise.

Dès Jeudi matin, la première tuile est arrivée.

Jyoti est épileptique…. à gauche les parents. Plainte de l’école : elle est tombée en classe, d’un seul coup, et a été prise de convulsions. Message de la Principale qui exige un certificat médical affirmant qu’elle peut être scolarisée. Ce genre de malaise lui est déjà arrivé chez elle, les parents la font suivre à l’hôpital gouvernemental mais n’ont rien dit, ni à nous, ni à l’école. Epluchage des ordonnances que le père nous a apportées : ça ne date pas d’hier son épilepsie  .. pourquoi diable il n’a rien dit !. Il doit aller aujourd’hui voir le spécialiste qui la suit, pour avoir le fameux certificat, sinon l’école ne veut pas la reprendre.

L’école s’en lave les mains … tout problème de santé ou d’accident dans le cadre de l’école donne lieu à un appel téléphonique aux parents : venez vite reprendre votre enfant qui s’est cassé la jambe dans l’escalier, qui est tombé dans la cour, qui se trouve mal, etc. en aucun cas -grave- l’école ne prendre l’initiative de transporter d’urgence l’enfant à l’hôpital, ils attendent que les parents arrivent. Quant à l’assurance de l’école… il n’y a probablement pas d’assurance.

 

Au milieu le cours d’anglais de Reetu madam. Les cours de soutien sont assez perturbés, comme tous les mois de décembre et janvier… car il fait froid (12/13°° dans la journée… la Sibérie pour les Indiens) les mères font l’assaut du District Magistrate d’Agra pour qu’il donne l’ordre de retarder l’horaire de rentrée, normalement c’est 8h (11° peut-être à 8h ?). Apparemment elles ont eu satisfaction, car l’école commence mollement à 9h. L’horaire de sortie est donc complètement décalé, et nos bus arrivent à la permanence à 15.30h  au lieu de 14.30h pour nos cours de soutien qui commencent à 15h. Nos professeurs se tournent donc les pouces de 15h à 15.30h…

Les nouveaux horaires -d’été- devraient être en vigueur vers le 15 février.

26 janvier fête Nationale.  A droite ci-dessus, et à gauche ci-dessous, les grands élèves prennent en main l’organisation des trajets en tempo pour les diners des voyageurs de février. Kalicharan, Akram, Rohit, ont convoqué nos tempos et leurs copains, je les ai vu, un par un toute la journée.

Explication du travail à faire aux dates prévues pour les diners dans les familles, discussion (traditionnelle) pour le tarif, qui baisse un peu quand je leur dis que la famille leur portera à diner dans leur tempo : ils sont tenus de rester devant le domicile de la famille pendant le diner, dans le cas ou quelqu’un voudrait rentrer plus tôt que prévu. Ils sont tous d’accord finalement… j’ai fixé un bon prix, le même pour tous quelle que soit l’adresse de la famille, et ils repartent très contents !

Répartir les pilotes, nos grands élèves. Ils sont chargés de veiller sur les parrains-marraines, traduire pour les échanges avec la famille, etc. de venir les chercher à l’hôtel, et les raccompagner jusqu’à la porte d’entrée de l’Holiday Inn. Là aucun problème pour trouver des candidats, ça leur plait beaucoup de se sentir responsables !.

Longues explications, j’ai tapé un document pour chacun, date, horaire, ce qu’il ne faut pas faire : inonder tous les plats de piments et de masala ! prévoir d’acheter de l’eau minérale, ne pas dépenser des fortunes pour « décorer » la maison, etc, etc. Mais Auntie on ne va pas recevoir sans colliers de fleurs pour nos invités ! et le tikha à l’entrée de notre maison ! oui ! collier et tikha (le point rouge au milieu du front) mais limitez-vous à ça !.

Pendant les explications aux mères, certaines étaient venues ensemble, drame…. mais Autie pourquoi elle, elle a 5 invités, et moi j’en ai que 3 ? Une autre, venue elle aussi avec une voisine, et pourquoi ils viennent pas chez moi pour diner ? C’est pas juste, elle, elle reçoit des étrangers, et pas moi ! la prochaine fois le parrain de ta fille viendra peut-être, mais en février, il ne vient pas.

On les a toutes informées qu’une participation aux frais du diner serait offerte de la part des parrains, on donnera les sets de nourriture de 1ère nécessité le 6 février, les commandes ont été faites dans la foulée.

On a terminé à 20h, tout semble en place, mon tableau est rempli.

 

Photo du milieu, notre SANA, et son père. Notre SANA revient à la charge… SANA a une licence en biologie, elle travaille dans un laboratoire depuis 1 an, mais maintenant veut reprendre des études. Consultation des parrains-marraines, tous d’accord, le C.A. de LA ROUE DE SECOURS d’accord, mais…. SANA s’était mis dans la tête d’aller faire ces études complémentaires à Delhi : 220km, ce qui veut dire logement, nourriture, transport, et surtout totale liberté.

On a eu une expérience catastrophique avec une de nos filles, que nous avions installée à grands frais à Jaipur, pour un complément d’études d’infirmières qui ne se faisait pas à Agra. Chambre chez l’habitant (trouver l’habitant en  question..) , installation, linge, un vélo pour aller à l’école, etc, etc. Au bout de 2 mois, elle avait trouvé le moyen de recevoir des garçons.. la nuit.

J’avais dû affronter les sarcasmes et les injures de la famille qui l’hébergeait, et qui l’avait mise à la porte.

Le diplôme supplémentaire que SANA souhaite faire est un certificat d’embryologie qu’elle pourrait faire en 1 an parait-il , à 2800 euros quand même…

On n’était plus d’accord du tout, on lui a proposé en octobre de faire un master de Biologie, à Agra, à MPS ou nous avons 8 élèves, dont 5 en biologie et 1 en master de biologie.

Niet, elle veut aller à Delhi.

J’ai fait venir le père avant-hier. Tu n’as pas dépensé une paisa pour les études de ta fille depuis la maternelle, tu as donc mis de l’argent de côté. Elle travaille depuis 1 an, et remet l’intégralité de son salaire à sa mère. Ca fait beaucoup

de sous tout ça… tu peux donc faire un effort et payer l’année supplémentaire d’études à ta fille !. Toutes les écoles acceptent d’être payées par mensualités ! Tu n’es pas obligé de régler tout en une seule fois ! Gémissements du père, neï Auntie, j’ai pas d’argent.

 

Il faut savoir -si je l’ai déjà dit passez votre chemin…- TOUS les Indiens, sans aucune exception, AUCUNE, commence à mettre de l’argent de côté sur un compte séparé, ou sous l’oreiller, DES LA NAISSANCE D’UNE FILLE. Il faudra la marier, trouver une famille de garçon avec laquelle on devra se mettre d’accord sur le « daowry », la dot, et surtout, surtout… faire un mariage qui en mette plein la vue aux voisins. Quelle que soit la situation matérielle d’une famille de fille, ça se passe comme ça. Riches et pauvres confondus.

Si le père n’a pas assez économisé, il va emprunter de l’argent à droite et à gauche, s’endetter pour des années, mais pas question de faire un mariage modeste (500 personnes est un petit mariage). En Inde, c’est la famille de la fille qui paye TOUT, même pour les invités de la famille du garçon, laquelle exigera un certain nombre d’invités de son côté !

Comme tous les indiens, SAUKHAT a de l’argent de côté, d’autant plus d’économies que notre SANA a 20 ans, et qu’il thésaurise depuis la naissance.

Mais me l’avouer… JAMAIS ! Il ne retirera pas une paisa de son petit matelas pour… une fille.

Discussion interminable. J’ai proposé d’aller à la banque avec lui et SANA, pour qu’il demande un prêt. Mais même ça il ne veut pas.

Epuisant… si SANA change d’avis et veut bien faire un Master à Agra, nous sommes prêts à l’aider : c’est une très gentille fille, qui a toujours obtenu de bons résultats, prêts oui, nous le sommes, mais pas pour Delhi.

Dimanche matin, Omkant en est à peu près toujours au même point concernant le tableau d’enregistrement des notes du dernier examen de janvier… toujours pas fini. ANJALI veut bien l’aider…

 

Photo du milieu : on commence l’utilisation des dons ciblés. Certains parrains nous ont envoyé un don à utiliser spécifiquement pour leur filleul.

On commence par les filles. Tissu pour les kameez salwar acheté hier.

Choix une par une, par ordre de classe.

Le grand’père de Kratika, et la mère de Shivangi, tous les deux couturiers à domicile, ont été convoqués dimanche à 15h. Prise des mesures, livraison des kameez dans 10/15 jours.

Quand on a un travail à faire faire, on donne la priorité aux parents de nos enfants.

Pour celles qui bénéficient de chaussures et anorak, en plus, ce sera fait cette semaine. Pour les garçons rendez-vous dimanche prochain au bazar de Lohamandhi, dans la boutique habituelle.

Une Grande Maison Parisienne nous donne régulièrement des articles à vendre au profit de LA ROUE DE SECOURS.

Il est entendu que ce que je n’arrive pas à vendre est donné à nos enfants. Pour ce voyage, je suis partie avec 3… valises, 2 très grosses bourrées à craquer de vêtements et articles pour les enfants qui n’étaient pas vendus, et… 1 petite valise pour moi !.

Un lot important de vêtements pour bébé a été donné à une famille particulièrement démunie de Sikandra, pour leur dernier né.

Etaient ajoutés une dizaine de chemises, pratiquement neuves, récupérées, lavées et repassées par ma gentille gardienne.

 

Dimanche matin, étaler le tout sur les tables de cours, garçons à droite, filles à gauche !

NISHA, ANJALI, RADHA, KALICHARAN, ROHIT, AKRAM, aident beaucoup, beaucoup, le soir souvent et systématiquement tous les dimanches, et toujours dans la bonne humeur. Ils se sont partagé le butin. Est-il bien utile de vous dire qu’ils étaient super contents ?...

Je suis à votre entière disposition pour toutes questions ou informations complémentaires.

Bien cordialement à tous.

Annie.